Marc-Antoine Malouin-Lizotte

Résumé

Réflexion sur l’acte de design responsable dans l’ère anthropocénique.

 

La finalité mercantile du design est critiquée dès les années 70 par des auteurs tels que Maldonado (1972) ou Victor Papanek, qui critiquent la pratique du design dans la société capitaliste des années 1960. Depuis près d’une décennie, des ouvrages d’experts et les rapports du GIEC (2018, 2019) sonnent l’alarme sur les conséquences irréversibles des changements climatiques. Ceux-ci avancent des arguments de plus en plus pessimistes, et les enjeux environnementaux en lien avec les changements climatiques soulèvent de plus en plus d’inquiétudes (Testot, 2011). Ainsi, selon Stéphane Vial (2017), dans ce contexte le rôle du design est désormais plus critique que jamais. La finalité du design doit désormais concerner l’adaptation à de nouveaux modes de vie et cibler la décarbonation de l’économie (y compris numérique) (Vial, 2017).

Recherche

Étudiant

Marc-Antoine est diplômé d’une technique en génie mécanique ainsi que du programme en design de produits de l’Université Laval. Au cours de l’année 2019, il a réalisé une session d’étude à Paris à l’école de Design Strate où il a effectué des mandats pour la SNCF ainsi que pour la compagnie Tarkett. Ses intérêts de recherche sont liés à l’éco-conception, le design pour la transition et le «do it yourself».

Recherche et objectifs

Différentes approches sont développées, comme l’éco-conception, qui tend à considérer le cycle de vie « complet » d’un produit en vue de « réduire la consommation de ressources naturelles et d’énergie tout en maximisant les bénéfices pour les consommateurs » (traduction libre) (Bretzel, 1997), ou l’approche « Cradle to Cradle » ou CTC, développé par l’architecte William McDonough et le chimiste Michael Braungart (2013) qui suggère une modification de la production. De ces approches émergent la question de recherche suivante :

 

Comment le designer peut-il réaliser un acte de design responsable à l’ère de l’Anthropocène?

Cadre conceptuel

Le designer est encadré dans l’acte de design par les codes et les normes en vigueur, qu’il se doit de respecter, mais aussi par un idéal qui lui est propre. En ce sens, par l’acte, le designer se projette dans une réalité qui n’existe pas présentement, il s’engage dans la création d’un univers (d’Anjou, 2010). C’est en se basant sur cette notion d’action que Sartre reconnaît que les humains sont des êtres conscients et projectifs qui effectuent continuellement des choix libres (Sartre, 2015). Toutefois, la liberté de l’être agissant a comme contrepartie une responsabilité. Selon Hans Jonas (1973), seule une personne ayant le pouvoir d’action peut être responsable et ce pouvoir d’action est directement lié au savoir. Celui qui sait a un pouvoir sur l’autre dans la mesure où il a conscience des effets possibles d’un pouvoir et d’une action (Pommier, 2012). Ainsi, si le designer est celui qui a le plus savoir et de pouvoir concernant l’acte de design  et ses conséquences, il serait alors responsable de l’action et par le fait même, de ses finalités et de ses conséquences.

Stratégie

Cette recherche pose un regard sur l’acte de design dans le cadre d’une société de croissance à l’ère anthropocénique. Il est proposé de réaliser un regard croisé de différents intervenants sur le principe de responsabilité et de son intégration dans l’acte de design. Les concepts d’acte de design, de responsabilité et d’Anthropocène seront employés afin d’explorer l’interprétation des participants dans l’optique de développer des éléments de définition d’un acte de design responsable. Ce projet de recherche s’inscrit dans une démarche qualitative selon une approche constructiviste qui repose sur l’analyse d’un questionnaire, d’une série d’entretiens semi-dirigés, ainsi que d’un entretien de groupe. Il sera ainsi question d’examiner le sens que les intervenants prêtent au concept de responsabilité et de fournir des pistes de réflexion concernant l’intégration de celui-ci à l’acte de design dans l’avenir.